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Les raisons pour lesquelles le ferroutage peine à s’implanter en France

En 2023, le transport de marchandises par rail représente moins de 10 % du fret total en France, malgré des investissements publics répétés et des plans successifs visant à relancer ce mode de transit. Les objectifs fixés par l’État pour doubler la part modale du rail d’ici 2030 restent hors de portée, alors même que des pays voisins affichent des résultats nettement supérieurs.

La multiplication des annonces gouvernementales ne produit pas les effets escomptés. Les acteurs du secteur pointent une accumulation d’obstacles structurels, juridiques et économiques qui freinent la progression attendue du ferroutage sur le territoire national.

Le ferroutage en France : un potentiel encore largement sous-exploité

Le ferroutage peine à s’imposer dans le paysage logistique français. Pourtant, la France possède un réseau ferroviaire dense et une longue tradition d’ingénierie, mais le fret ferroviaire n’atteint pas la dynamique attendue. Avec à peine 9 % de part de marché, le rail reste loin derrière l’Allemagne ou la Suisse, alors que l’urgence climatique et la pression pour réduire les émissions de CO2 poussent à revoir les schémas logistiques.

Sur le terrain, les régions traversées par les grands axes de fret ne constatent que peu de retombées concrètes. Les plateformes multimodales, pourtant mises en avant à chaque plan d’investissement, tardent à se concrétiser. De leur côté, les industriels et logisticiens se débattent avec des démarches d’accès fastidieuses, une tarification qui manque d’attrait, et le sentiment que la fiabilité n’est pas au rendez-vous.

Voici ce qui se constate sur le terrain :

  • Bilan : les fonds publics sont là, mais le passage à l’opérationnel reste poussif.
  • Perspectives : pour donner une impulsion réelle, il faut conjuguer vision politique, modernisation du réseau et réponses concrètes aux attentes des entreprises.

Le potentiel du ferroutage ne demande qu’à s’exprimer, à condition de bousculer les habitudes et d’avancer sur la coordination. Les lenteurs administratives s’ajoutent à la dispersion des responsabilités, compliquant l’intégration du ferroutage dans les chaînes logistiques actuelles. La France a de quoi rattraper son retard, si la volonté collective prend le pas sur les inerties institutionnelles.

Quels freins structurels et politiques entravent le développement du fret ferroviaire ?

Le ferroutage en France se heurte à une série de blocages bien ancrés. D’abord, la complexité de l’organisation : un empilement d’acteurs publics et privés, d’instances nationales et régionales, où chacun se renvoie la balle. La commission d’enquête parlementaire a récemment mis en avant cette dilution des responsabilités, qui nuit à la cohérence de l’action publique.

Du côté de la SNCF, l’accent mis depuis des années sur le transport de voyageurs a relégué le fret ferroviaire au second plan. La modernisation des lignes réservées aux marchandises avance à petits pas, freinée par des arbitrages budgétaires qui privilégient d’autres segments. Quant aux créneaux horaires, ils sont rarement pensés pour les trains de fret, ce qui décourage les entreprises souhaitant passer au rail.

Les principaux freins rencontrés sont les suivants :

  • Insuffisance de coordination entre acteurs publics et privés
  • Tarification opaque des péages ferroviaires
  • Difficulté d’accès aux terminaux adaptés

Malgré la succession d’annonces politiques, le secteur attend un plan d’action lisible et suivi d’effets. Les décisions s’enlisent, faute d’un calendrier clair, tandis que la demande en logistique plus propre ne cesse de croître. Les professionnels, entendus lors des auditions parlementaires, réclament un cap solide, capable de fédérer tous les acteurs autour d’un objectif commun.

Jeune femme gestionnaire observant les camions sur l

SNCF Réseau et la transition écologique : quelles perspectives pour un avenir plus vert ?

Impossible d’ignorer la transition écologique qui bouscule le secteur ferroviaire. La France s’est fixée des ambitions climatiques élevées, plaçant SNCF Réseau face à une attente forte : diminuer la part du transport routier, renforcer les solutions bas-carbone, revoir la logistique dans son ensemble. Les discours s’affichent volontaristes, mais dans les faits, les changements s’opèrent lentement.

L’état du réseau reste un point de friction. La modernisation des lignes dites « capillaires », essentielles pour le maillage local, progresse trop lentement, souvent reléguée derrière les grands chantiers nationaux. Les professionnels du secteur, lors des dernières assises, ont appelé à des démarches administratives plus simples et à un financement stabilisé dans le temps.

De nombreuses zones restent encore mal desservies, ce qui fragmente la chaîne logistique et prive des territoires entiers d’une alternative crédible au tout-routier. Certains cadres de la SNCF, comme Jean-Philippe, insistent sur la nécessité d’un dialogue renforcé avec les opérateurs privés et les collectivités territoriales, pour dépasser les blocages actuels.

Pour progresser, les priorités sont claires :

  • Investir dans la modernisation des nœuds logistiques
  • Optimiser la gestion des sillons pour le fret
  • Favoriser l’intermodalité à chaque étape

Faire décoller le ferroutage implique des choix assumés : allouer les ressources, accélérer les rénovations et ouvrir vraiment l’accès au réseau. Le secteur attend un passage à l’action qui dépasse les promesses et ancre enfin le ferroutage dans la stratégie logistique française. L’avenir du rail se joue maintenant, sur la capacité à transformer les ambitions affichées en solutions concrètes et durables.