La règle d’or de la politique monétaire de Milton Friedman expliquée
En 1960, Milton Friedman propose une règle simple : la masse monétaire doit croître à un rythme constant, aligné sur la croissance potentielle de l’économie. Cette prescription s’oppose frontalement aux interventions discrétionnaires des banques centrales, largement dominantes à l’époque.
Le débat s’intensifie lorsque les chocs pétroliers des années 1970 mettent à mal les politiques keynésiennes traditionnelles, offrant une nouvelle visibilité aux idées monétaristes. L’influence de Friedman ne cesse alors de croître, tout en suscitant des critiques majeures sur la faisabilité et les conséquences de sa fameuse règle d’or.
Plan de l'article
Le monétarisme, une révolution dans la pensée économique du XXe siècle
Le XXe siècle bouscule les repères de la politique monétaire. Avec le monétarisme, Milton Friedman et l’école de Chicago s’invitent dans le débat, brisant le consensus d’après-guerre. Cette nouvelle vision naît dans un contexte secoué par les crises, les ajustements de cap et les expérimentations menées depuis la Seconde Guerre mondiale jusqu’aux flambées inflationnistes des années 1970. Friedman, puisant dans les travaux d’Irving Fisher et Friedrich Hayek, ranime la théorie quantitative de la monnaie : quand la masse monétaire augmente, les prix montent. Rien d’abstrait : la création monétaire imprime sa marque sur l’économie, jusque dans ses rouages les plus concrets.
La critique fuse contre la gestion à vue des banques centrales. Selon les monétaristes, multiplier les relances ne fait qu’attiser l’inflation, sans booster la croissance ou résorber durablement le chômage. Leur credo : la masse monétaire doit s’ajuster à la croissance potentielle, et non fluctuer au gré des cycles ou des ambitions politiques. Cette vision s’oppose frontalement à la tradition keynésienne, qui dominait l’après-guerre.
Les piliers du monétarisme
Pour comprendre la logique monétariste, il suffit de se pencher sur ses principes fondamentaux :
- Le volume de monnaie en circulation façonne directement le niveau général des prix.
- Le lien entre évolution de la masse monétaire et inflation s’observe sur le long terme.
- La dynamique du marché l’emporte sur la gestion centralisée ou administrative de la monnaie.
En Occident, ces idées redessinent la politique monétaire. L’époque Friedman fait de la stabilité monétaire la boussole, et récuse la tentation d’une création monétaire au service de la conjoncture. Le débat divise, et la fracture entre écoles de pensée reste profonde, alimentée par une succession de crises et de répliques économiques.
En quoi consiste la règle d’or de la politique monétaire selon Milton Friedman ?
Avec sa règle d’or, Milton Friedman prend le contrepied des pratiques des banques centrales d’après-guerre. Selon lui, la banque centrale doit s’interdire de moduler la quantité de monnaie en circulation selon les aléas économiques ou les pressions politiques. La ligne est nette : la masse monétaire doit croître d’année en année à un rythme stable, calé sur la croissance réelle de l’économie, sans qu’aucune intervention arbitraire ne vienne perturber cette trajectoire.
Pour Friedman, l’inflation est toujours d’origine monétaire. Si la masse monétaire gonfle plus vite que l’économie réelle, les prix flambent. Si elle progresse trop lentement, l’activité ralentit. Il propose alors une règle simple : confier aux banques centrales la mission de faire évoluer la masse monétaire selon un taux annuel prévisible, compréhensible pour tous, et débarrassé des incertitudes. La variation des taux d’intérêt passe au second plan ; l’enjeu, c’est la maîtrise du volume de monnaie en circulation.
Voici comment s’articule concrètement cette approche :
- La banque centrale arrête un taux de progression annuel de la masse monétaire, souvent entre 3 et 5 %.
- Ce taux doit correspondre au potentiel de croissance de l’économie, sans excès ni retenue.
- La stabilité des prix devient le fil conducteur, reléguant la lutte contre le chômage structurel ou les ajustements de court terme à l’arrière-plan.
La courbe de Phillips, qui laissait croire à un compromis possible entre inflation et chômage, vacille. Pour Friedman, gonfler la masse monétaire pour réduire le chômage ne fonctionne qu’un temps : l’effet s’évanouit vite, laissant place à une inflation persistante. La politique monétaire se recentre alors sur l’objectif de stabilité des prix et d’accompagnement de la croissance potentielle, loin des espoirs placés dans l’interventionnisme conjoncturel.
